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Interview : Bien vivre avec une colopathie fonctionnelle grâce au régime pauvre en FODMAPs

Interview : Bien vivre avec une colopathie fonctionnelle grâce au régime pauvre en FODMAPs

Publié le 18 mars 2015 à 10:00

La colopathie fonctionnelle touche 10 à 15% de la population. Après une série d’examens, et des traitements traditionnels pas toujours efficaces, les personnes atteintes sont bien souvent démunies, avec pour seule réponse "Il n’y a plus qu’à vivre avec". Alimentation sans gluten, sans lactose, pauvre en FODMAPs, il existe pourtant de nouvelles pistes envisagées par certains gastro-entérologues et nutritionnistes pour diminuer significativement les symptômes. C’est le cas de Julie Delorme, diététicienne-nutritionniste, qui aide chaque jour des colopathes à vivre normalement.

Douleurs abdominales, ballonnements, constipation, diarrhées : le syndrome de l’intestin irritable (ou colopathie fonctionnelle) altère considérablement la qualité de vie des personnes atteintes, soit près de 15% de la population. Le SII, syndrome de l’intestin irritable, représente 50% des consultations en gastro-entérologie. Pourtant, après de nombreux examens et tentatives de traitements (antispasmodiques, laxatifs, ralentisseurs de transit…), les symptômes ne s’améliorent pas toujours, et les personnes atteintes se sentent désarmées et incomprises. Aujourd’hui, il existe pourtant de nouvelles pistes à envisager.

Diétetiecienne – nutritionniste, Julie Delorme s’est spécialisée dans les troubles digestifs et intolérances alimentaires. Durant 15 ans, elle a souffert de colopathie fonctionnelle. Avant sa reconversion, comme beaucoup de colopathes, Julie a tout essayé pour aller mieux : régime sans gluten et sans lactose, tests aux igG… Avant de tomber sur les travaux de Sue Shepherd, une nutritionniste Australienne, qui a élaboré la diète FODMAP. Une alimentation qui pourrait améliorer les symptômes du syndrome de l’intestin irritable dans 75% des cas. Julie Delorme aide chaque jour des colopathes à passer à une alimentation pauvre en FODMAPS, elle nous en dit plus sur le sujet.

Comment savoir que l’on a le syndrome de l’intestin irritable (SII) ?

Les médecins ne prononcent pas toujours le terme de « Syndrome de l’intestin irritable » et c’est bien dommage. Ce syndrome, qui n’est pas une maladie, a de nombreux impacts négatifs dans la vie des personnes atteintes. L’identifier permettrait de se renseigner. Par exemple l’association APSSII est très importante, elle permet de se rendre compte que l’on est pas seuls à en souffrir. Avoir le syndrome de l’intestin irritable est très culpabilisant, l’entourage a tendance à répéter « Tu n’as qu’à moins stresser et ça ira mieux ». Alors que le stress n’est qu’un facteur parmi d’autres.

Le diagnostic est difficile à poser car c’est un diagnostic d’exclusion. Les médecins font passer de nombreux examens (analyses de sang et des selles, coloscopie). Si rien n’est trouvé, le médecin conclue généralement à une colopathie fonctionnelle, ou syndrome de l’intestin irritable.

Pour l’instant, il n’existe pas d’examen permettant de diagnostiquer le SII, mais je suis convaincue que cela finira par exister. On ne peut pas non plus vérifier le déséquilibre de la flore intestinale dans une analyse de selles.

Pourquoi une colopathie fonctionnelle se déclare t-elle ?

Les causes du SII sont multifactorielles : génétique, alimentation, stress, médicaments pris dans l’enfance, allaitement ou non à la naissance, infections bactériennes (gastro-entérites, turistas…).

Il arrive que des personnes ayant subi des abus sexuels dans l’enfance développent un SII.

Je pense que les hormones entrent également en jeu. Les femmes sont majoritairement touchées par le SII. Et souvent, leurs symptômes s’aggravent avant et pendant les règles. Certaines femmes voient leurs symptômes s’améliorer lors d’une grossesse.

Ce qui est certain, c’est que l’alimentation et le stress jouent un rôle essentiel. Dans le cas du SII, il y a un déséquilibre de la flore intestinale. Une alimentation pauvre en FODMAPs permet de la rééquilibrer.

Qu’est ce que les FODMAPs ?

Le « F » de FODMAP signifie « Fermentescibles » et se rapporte aux aliments fermentés. Les autres lettres « Oligosaccharides », « Disaccharides », « Monosaccharides », « And », « Polyols » se rapportent aux sucres et glucides qui fermentent.  Les colopathes ont du mal à absorber ces sucres. Cette fermentation va produire des gaz qui viennent aggraver les symptômes digestifs.

Note de la rédaction : On retrouve par exemple dans les aliments à éviter les pommes, les poires, les cerises, les prunes, les pruneaux, les pêches, les produits laitiers, le blé, l'artichaut, le brocoli, le chou de Bruxelles, la betterave, l'oignon, le poireau, l'échalote, les pois chiches, les haricots rouges, les lentilles... Mais la liste des FODMAPs est très longue ! Il est donc conseillé d'être encadré pour procéder à l'éviction et à la réintroduction d'aliments, sinon vous aurez l'impression de ne plus rien pouvoir manger. 

Faut-il suivre ce régime toute sa vie ?

Lors de la mise en place d’un régime pauvre en FODMAPs, j’invite mes patients à limiter 5 catégories de FODMAP pendant plusieurs semaines. D’abord on limite, ensuite on fait des tests d’introduction pour évaluer la tolérance de la personne et éventuellement élargir les produits qu’elle va pouvoir consommer sans symptômes digestifs. Ce régime ne se fait pas forcément à vie, quand la flore intestinale se rééquilibre enfin, la tolérance à certains aliments s’améliore. Aujourd’hui je peux manger du pain sans problème ce qui était impensable il y a encore quelques années !

De plus en plus de personnes atteintes du SII tentent un régime sans gluten et sans lactose, c’est une erreur ?

Le problème des produits laitiers vient surtout d’une intolérance au lactose. Et c’est justement l’un des FODMAPs !

Concernant le retrait du gluten de son alimentation, il s’agit essentiellement d’éliminer la quantité de blé ingérée (pâtes, pain, pizza…). Beaucoup de colopathes vont mieux en arrêtant de consommer du blé. Mais lorsque l’on élimine le blé, on enlève aussi une grande partie de FODMAPs !

En réalité, les problèmes digestifs dans le cadre d’un SII ne viennent pas uniquement du gluten et du lactose. D’autres sucres peuvent fermenter et être problématiques. C’est pourquoi j’oriente mes patients vers un régime pauvre en FODMAPs, incluant la limitation du blé et du lactose.

Quelle différence entre intolérance alimentaire et le SII ?

Environ 6 personnes sur 10 souffrant d’une colopathie fonctionnelle auraient une intolérance alimentaire. Mais on peut très bien avoir une intolérance au lactose sans colopathie fonctionnelle.

Que pensez-vous des tests d’intolérances alimentaires ?

Ces tests aux igG (Ndlr : onéreux et réalisés dans très peu de laboratoires seulement en France) sont très controversés dans le milieu médical. Aujourd’hui, il n’existe aucune étude prouvant qu’une augmentation d’igG soit révélatrice d’une intolérance alimentaire.

Eliminer les FODMAPs semble encore plus difficile que d’arrêter le gluten et le lactose (qui se démocratisent), comment s’en sortir ?

Au quotidien, c’est effectivement un régime plus compliqué. Il faut être accompagné d’un spécialiste qui va vous aider à distinguer les aliments à éviter, vous aider à comprendre comment les cuisiner… Dans un régime pauvre en FODMAP, on peut manger des fruits, des légumes, des féculents et certains produits laitiers, il faut juste sélectionner les bons aliments. Ce régime peut aussi être un peu plus simple car il est moins restrictif concernant le blé. Par exemple, dans le cadre d’un régime sans gluten ni lactose, lors d’un repas au restaurant japonais, on ne peut pas tremper ses sushis dans la sauce (qui contient du gluten), par contre ce n’est pas le cas dans le régime pauvre en FODMAP, cette petite quantité ne pose pas de problème.

Il vaut mieux éviter de se lancer seul, il y a un risque de carence et surtout d’une bonne déprime ! Si on s’enlève le plaisir de manger, cela va fatalement jouer sur le moral…

Le régime pauvre en FODMAP peut-il « soigner » le SII ?

Nous n’avons pas assez de recul pour conclure que l’alimentation pauvre en FODMAP peut soigner une colopathie fonctionnelle. Les premiers travaux sur les FODMAPs datent de 2001, mais c’est seulement depuis 2007 que l’on avance réellement sur le sujet. Ce qui est sûr, c’est que ce régime diminue les symptômes et modifie la flore intestinale.

Il arrive également parfois que ce syndrome du côlon irritable disparaisse du jour au lendemain, sans explication.

Quel est le taux d’amélioration chez vos patients atteints de colopathie fonctionnelle ?

Environ 75% des colopathes voient leurs troubles digestifs s’améliorer. Selon le type de colopathie, les résultats sont différents. L’alimentation pauvre en FODMAP fonctionne mieux sur les patients sujets à des diarrhées. Mais environ 2 personnes sur 3 sujettes à la constipation voient leurs troubles diminuer, puisqu’il modifie et rééquilibre la flore intestinale.

Il existe aussi une colopathie « post-infectieuse » qui apparaît suite à des gastro-entérites et turistas, c’est celle qui a le plus de chances de disparaitre spontanément (dans 20 à 30% des cas).

Conseillez-vous un accompagnement thérapeutique en parallèle pour gérer une colopathie fonctionnelle ?

Cela dépend vraiment des personnes, la perception des symptômes est très variable. Je conseille mes patients sur les questions nutritionnelles, mais il m’arrive de leur suggérer d’aller tester un traitement chez un médecin, d’envisager une thérapie, ou de s’orienter vers des médecines alternatives comme l’hypnose ou la sophrologie.

Comme l’intestin est le 2ème cerveau, il doit y avoir une perturbation de la sérotonine. Une baisse de moral, une plus forte sensibilité…

Car effectivement, certaines études ont montré que l’impact du SII sur la qualité de vie des personnes atteintes est aussi important que sur les patients qui subissent des dialyses !

Certains colopathes sont d’ailleurs en mi-temps thérapeutique car ils ont peur d’aller travailler. D’autres sont au chômage et ne peuvent plus chercher d’emploi.

L’hypnose fonctionne sur 40% des colopathes (hors régime pauvre en FODMAP). Elle agit sur l’hypersensibilité viscérale (une perception accrue des mouvements intestinaux). Il faut simplement trouver le bon hypnothérapeute. Certains patients devront compléter les séances par un régime pauvre en FODMAP, d’autres non.

Il y a aussi des patients, qui suite à la mise en place d’une alimentation pauvre en FODMAP voient leurs symptômes diminuer ou disparaître. Malgré cela, ils gardent les traces de traumatismes. En effet,  certains patients atteints du SII en viennent à appréhender de sortir de chez eux, ils ont besoin de s’assurer de la présence de toilettes lors de toutes leurs sorties. Certaines crises arrivées dans des moments inopportuns ont même pu être vécues comme traumatisantes. Dans ce cas, il va falloir leur donner un coup de pouce.

Les thérapies comportementales et cognitives sont intéressantes dans le cas de phobies (peur de sortir, de s’éloigner des toilettes…)

Sur internet, on lit plus d’informations déprimantes que de solutions intéressantes pour vivre correctement avec le SII, un conseil ?

Sur les forums, on poste généralement quand cela va mal et que l’on se pose des questions. Mais on en ressent plus le besoin quand cela va bien ! Et attention aux régimes miracles… Par exemple, méfiez-vous des cures miracles d’aloe vera sous prétexte que c’est naturel. Pris sur du long terme, l’aloe vera est laxatif et peut engendrer une accoutumance.

En savoir plus sur Julie Delorme :

Julie Delorme donne des consultations de diététique et de nutrition d’une durée de 1h, à son cabinet à Cannes ou Tourettes ou à distance (par téléphone et skype).
En moyenne, 1 à 4 consultations permettent de trouver une solution adaptée pour réduire les symptômes digestifs et de répondre à vos questions. Remboursement possible par mutuelle.

Contact : j.delorme@delormenutrition.com ou 06.13.42.48.15

Plus d’infos sur http://delormenutrition.com et sur son blog www.antimauxdeventre.com

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