Antibiotiques : la consommation française repart à la hausse

Au début des années 2000, la France était le premier consommateur d’antibiotiques en Europe. Mais ensuite la consommation avait baissé de 12,5 % en 10 ans. Cependant, depuis les cinq dernières années, une légère tendance à la hausse de 3 % se dessine à nouveau, selon un rapport de l’ANSM (Agence du médicament).

La consommation est présentée en nombre de Doses Définies Journalières pour 1000 Habitants et par Jour (DDJ/1000H/J.
 

D’après ce dernier rapport, publié lundi 17 juin 2013, la France a un niveau de consommation d’antibiotiques nettement supérieur de 30 % à la moyenne européenne.

La progression enregistrée en 2012 est assez préoccupante car elle ne peut être attribuée aux pathologies hivernales. En effet, l’hiver 2012/2013 a surtout été marqué par des épisodes importants de grippe et de gastro-entérites, toutes deux étant des pathologies virales, ne nécessitant pas d’antibiotiques. L’ANSM pointe donc du doigt l’utilisation non justifiée d’antibiotiques sur ce type de pathologies virales.

Le vieillissement de la population a été évoqué pour expliquer en partie la  hausse de consommation d’antibiotiques.

La progression d’une association d’antibiotiques (amoxicilline / acide clavulanique qui correspond à l’Augmentin®) est notamment jugée très préoccupante, car elle peut entraîner une augmentation des résistances des germes face aux antibiotiques. Le développement des résistances des bactéries aux antibiotiques augmente de plus en plus : en 2000, 29 substances actives étaient disponibles, tandis qu’en 2012, du fait des résistances, il ne reste que 11 substances actives commercialisées.  Ceci est plutôt inquiétant, quand on sait que la recherche sur de nouveaux antibiotiques s’est considérablement ralentie.

Quelques chiffres issus du rapport de l’ANSM montrent les disparités dans la consommation d’antibiotiques :

-la consommation se fait majoritairement en ville (90 %) et 10 % à l’hôpital.

-Les femmes représentent 57,3 % des patients.

- Il existe des différences entre les régions, avec un écart de 30 % entre le Nord qui est la région où les antibiotiques sont le plus consommés, et Les Pays de la Loire et Rhône-Alpes où le niveau de consommation est le plus faible. Les départements d’Outre-mer ont un niveau de consommation inférieur de 28 % par rapport à la métropole.

Il existe un Plan Antibiotiques 2011-2016 qui prévoit une réduction de 25 % de la consommation d’antibiotiques d’ici 2016. Hélas, suite au rapport de l’ANSM, cet objectif semble de plus en plus difficile à réaliser…