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Tout ce que vous devez savoir sur les perturbateurs endocriniens

Tout ce que vous devez savoir sur les perturbateurs endocriniens

Publié le 09 novembre 2015 à 16:10

Les perturbateurs endocriniens : on en entend souvent parler, ils sont partout, ils nous font peur… Mais que savons-nous exactement sur ces produits, comment agissent-ils, quels dangers représentent-ils vraiment pour nous, où se cachent-ils, que font les autorités pour lutter contre ce fléau ? Un point pour y voir plus clair sur ces substances qui envahissent notre quotidien.

Le système hormonal sous le feu des perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens regroupent une vaste famille de composés capables d'interagir avec notre système endocrinien (c’est-à-dire notre système hormonal), et donc avec notre métabolisme ou nos fonctions reproductrices.

C’est quoi exactement le système endocrinien et comment fonctionnent les perturbateurs endocriniens ?

Le système endocrinien regroupe les organes qui sécrètent des hormones : thyroïde, ovaires, testicules, hypophyse…

Les organes libèrent les hormones dans le sang pour agir à distance sur certaines fonctions de l'organisme comme la croissance, le métabolisme, le développement sexuel, le développement cérébral, la reproduction…

Les perturbateurs endocriniens interagissent avec la synthèse, la dégradation, le transport et le mode d’action des hormones, empêchant alors l’organisme de fonctionner correctement.

Ainsi, ils sont capables de modifier la production naturelle de nos hormones en interférant avec leurs mécanismes de synthèse, de transport, ou d'excrétion.

Ou encore, ils se substituent à nos hormones, les mimant, dans les mécanismes biologiques qu'elles contrôlent et empêchent leur action en se fixant sur les récepteurs à leur place.

Les perturbateurs endocriniens agissant à la place des hormones naturelles dans notre organisme, il en découle des conséquences qui peuvent être graves : altération des fonctions de reproduction, malformation des organes reproducteurs, développement de tumeurs au niveau des tissus producteurs ou cibles des hormones (thyroïde, sein, testicules, prostate, utérus…), perturbation du fonctionnement de la thyroïde, du développement du système nerveux…

Les perturbateurs endocriniens se cachent partout

Les humains et les animaux sont exposés à une très grande diversité de perturbateurs endocriniens.

Ils sont, toutefois, pour la majorité d’entre eux, issus de l’industrie agro-chimique (pesticides, plastique, pharmacie…) et de leur rejets.

Beaucoup persistent dans l’environnement pendant de nombreuses années, polluant sols, eau et air. On les retrouve donc facilement dans les aliments d’origine végétale ou animale, ou encore dans les produits manufacturés.

Pour citer un premier groupe de perturbateurs endocriniens, prenons le cas des hormones œstro-progestatives de synthèse (œstrogènes, progestérone, testostérone) : ces produits miment les effets des hormones naturelles et sont donc considérés comme perturbateurs endocriniens (jusque-là pas de souci, étant donné que c’est ce que l’on attend de ces hormones œstro-progestatives). Le problème concerne le rejet : en effet, lorsqu’elles sont éliminées, par voie naturelle, elles rejoignent les milieux naturels, polluant ainsi l’environnement.

Un second groupe de perturbateurs endocriniens, bien plus important, qui comporte plus d’un millier de produits, concerne les produits chimiques et sous-produits industriels.

On peut citer quelques représentants de cette catégorie de perturbateurs endocriniens :

  • les produits de combustion comme les dioxines, les furanes, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) que l’on retrouve dans les fumées de cigarettes, les vapeurs de diesel ou encore les barbecues.
  • les parabènes, conservateurs utilisés dans les cosmétiques et les médicaments.
  • les organochlorés, comme le DDT, pesticide interdit mais rémanent dans l’environnement et retrouvé dans les viandes.
  • l'étain et ses dérivés utilisés dans les solvants.
  • les phtalates (plastiques souples, bouteilles huile,  PVC…)
  • les bisphénols A (emballages alimentaires, barquettes margarines, revêtements conserves,  tickets de caisse…)
  • les halogenophénols (désinfectants).
  • les PCB (rivières, poissons).
  • les Alkylphenols (détergents, plastiques, pesticides).
  • les 4MBC (crèmes et huiles solaires).
  • lesPBDE (polybrominated diphenyl ethers) qui sont utilisés comme ignifugeant (ou retardateurs de flammes) trouvés dans moquettes, mousse coussins, textiles, literie, voitures, télévisions…

Comment estimer les risques pour la santé ?

Nous vous avons expliqué le mode d’action des perturbateurs endocriniens et les risques que cela pouvait faire encourir pour notre santé (altération des fonctions de reproduction, malformation des organes reproducteurs, développement de tumeurs au niveau des tissus producteurs ou cibles des hormones (thyroïde, sein, testicules, prostate, utérus…)

Mais pour mieux vous rendre compte des effets nocifs de ces perturbateurs endocriniens, voici quelques exemples concrets, études scientifiques à l’appui :

Des risques pour la fertilité

Une étude de l’Inserm a montré que les ados qui se mettaient de la laque sur les cheveux avaient vu leur nombre de spermatozoïdes diminuer : les phtalates sont donc nocifs pour la mise en place du système reproducteur.

D’autres études ont montré que l'exposition des testicules de l'homme adulte aux phtalates, au bisphénol A, aux parabènes ou aux éthers de glycol, entraîne une inhibition de la production de la testostérone, affectant la fertilité masculine et féminine.

Risques de surpoids et de diabète

Des scientifiques ont analysé les urines de plus de 2 800 enfants âgés de 6 à 19 ans : parmi les enfants ayant le taux de Bisphénol A le plus élevé dans les urines, environ 22 % étaient obèses contre seulement 10 % chez ceux qui présentaient les niveaux les plus faibles.

Risques de cancers

Bisphénol A, phtalates, parabènes, 4MBC… auxquels s’ajoutent les œstrogènes excrétés par les animaux (présents en quantité dans le lait de vache) ou par les humains preneurs de pilule ou de traitements substitutifs… : tous ces produits sont facteurs de malformations et toxiques sur les cellules de la moelle osseuse.

Des observations les corrèlent à des cancers de l'estomac, du testicule, de leucémies myéloïdes. Dix d’entre eux sont l’objet de mesures de restriction d’utilisation en Europe, mais les études en France montrent qu’ils restent présents dans les dosages urinaires, du fait de leur rémanence dans l’environnement.

Pourquoi la recherche concernant ces perturbateurs endocriniens est-elle si complexe ?

L’étude des perturbateurs endocriniens est aujourd'hui très importante pour la santé, mais aussi pour l'environnement.

Mais, cette recherche est très compliquée du fait des particularités de ces substances : en effet, les impacts peuvent être tout à fait différents en fonction du moment de l’exposition à ces substances nocives, de la durée de cette exposition et de la quantité de produits absorbée.

  • Tout d’abord, il faut savoir qu’une exposition à une forte dose d’un produit toxique n’a pas forcément le même impact qu’une exposition quotidienne à des doses faibles. Et c’est effectivement cette exposition régulière à de faibles doses de perturbateurs endocriniens qui rendent ces produits si nocifs et qui dérègle peu à peu le système hormonal.
  • Ensuite, l’exposition aux perturbateurs endocriniens a un impact différent en fonction du moment où a commencé l’exposition (in-utero, avant ou après la puberté).
  • Enfin, l'effet cocktail des perturbateurs endocriniens est très complexe : en effet, un perturbateur endocrinien pris isolément peut n’avoir aucun effet sur l’organisme. Par contre, plusieurs perturbateurs endocriniens peuvent interagir et conduire à des effets « cocktails » hyper nocifs pour notre corps.

Par ailleurs, la complexité de notre système hormonal naturel rend la recherche encore plus complexe : en effet, les régulations endocriniennes ne font pas intervenir une, mais plusieurs hormones interagissant entre elles. Il peut donc être particulièrement difficile de prédire l'ensemble des conséquences biologiques d'un perturbateur endocrinien.

Malgré toutes ces difficultés, les pouvoirs publics et les chercheurs déploient plusieurs niveaux de vigilance pour réduire les risques d'exposition et repérer les perturbateurs endocriniens potentiels. Plusieurs études sont en cours pour évaluer ces risques, dont voici quelques exemples :

  • L’étude longitudinale française depuis l’enfance, lancée en 2011, qui suit 20 000 enfants, nés en 2011, dont l’objectif principal est d’étudier les facteurs environnementaux qui peuvent avoir un impact sur le développement et la santé des enfants en fonction de l’exposition à différents perturbateurs endocriniens entre la période intra-utérine et l'adolescence.
  • L’étude PELAGIE (Perturbateurs endocriniens : étude sur les anomalies de la grossesse, l’infertilité et l’enfance) qui suit, depuis 2002, 3 500 couples mères-enfants habitant en Bretagne, et qui vise à étudier l'impact de contaminants environnementaux sur le développement intra-utérin, puis sur celui de l'enfant.

Cette étude a déjà montré plusieurs corrélations, comme l'exposition à certains polluants organiques (DDT, PCB) sur le délai de conception d'un enfant, ou l'exposition à un herbicide du maïs et le retard de croissance intra-utérin.

Des études toxicologiques sont également faites in vitro pour étudier la toxicité de composés chimiques considérés comme suspects. Ces produits suspects sont testés sur différents systèmes de cellules en culture comme les cellules de l'hypophyse, du foie, les cellules mammaires, les cellules reproductrices...

Que font les gouvernements pour lutter contre les perturbateurs endocriniens ?

De par leur nombre, leur présence dans tous les milieux, leur présence dans tous les corps humains, leur caractère persistant, leur stockage dans notre tissu adipeux, les effets cocktail, leurs graves répercussions sur tous pratiquement tous les systèmes, leur modification de l’expression des gènes… les perturbateurs endocriniens représentent une menace sanitaire bien supérieure au tabac ou à l’amiante.

Les Autorités sanitaires essaient donc de mettre en place une législation particulière concernant les perturbateurs endocriniens.

Depuis 2007, la législation européenne impose aux fabricants de soumettre chacun de leurs produits chimiques à des tests toxicologiques : des modèles d'études in vivo (chez l'animal) sont indispensables pour appréhender l'effet toxique global d'un perturbateur endocrinien.

De nouvelles techniques très récentes utilisent également le haut débit pour déterminer, par exemple, le profil d'expression du génome ou des protéines, in vitro, sur des cellules ou des tissus.

En 2014, le gouvernement a adopté la première stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens qui s’inscrit dans le 3ème plan santé. Cette stratégie vise à prévenir et à limiter l'exposition de la population à ces substances, et en particulier les plus vulnérables (femmes enceintes, enfants).

Elle est basée sur 4 axes principaux :

  • l'information des citoyens,
  • le soutien à la recherche sur les perturbateurs endocriniens et sur le développement d'alternatives non toxiques à ces produits.
  • la programmation d'expertises conduites par l’ANSM (Agence de sécurité du médicament) et/ou  l’ANSES (Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) afin de statuer annuellement sur plusieurs substances suspectées à risque.
  • la mise en place d'une réglementation spécifique. La France est, avec le Danemark, l'un des pays les plus engagés pour la régulation relative aux perturbateurs endocriniens. C'est dans le cadre de cette stratégie qu'ont été récemment adoptés le contrôle des phtalates dans les jouets ou l'élimination du bisphénol A des tickets de caisse. Le gouvernement entend soutenir cette stratégie au niveau de l'Europe en appuyant la définition d'une législation européenne spécifique par l'Union européenne, attendue pour la fin 2016.

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